Bonjour mes Chers Lecteurs.
Aujourd'hui je vous présente la cinquième partie de l'étude scientifique 
indépendante consacrée à la catastrophe nucléaire de Fukushima.
PUBLIE AVEC L'AIMABLE AUTORISATION DU BLOG Fukushima 福島第一 
2.7.7. La surface technique
La
 surface technique correspond à la totalité du sol du niveau 5F. C'est 
là où les ouvriers travaillent pour le chargement ou le déchargement du 
combustible et pour faire les opérations de maintenance. Suite aux 
explosions, le sol était entièrement recouvert de décombres. Durant les 
années 2013 et 2014, des opérations de déblaiement du BR3 ont été 
entreprises jusqu'à ce que l'ensemble de la surface technique soit 
nettoyée. Voici en photo l'évolution des travaux qui ont tous été faits à
 distance avec grues télécommandées tellement ce bâtiment est 
radioactif.
2.7.7.1. Les dalles antimissiles
Les
 dernières photos de 2014 ont dévoilé les dalles antimissiles qui 
recouvrent le puits de cuve. Elles sont formées de 9 dalles de béton 
armé réparties sur 3 niveaux. Chaque niveau de dalles a une forme 
circulaire dont voici les diamètres : niveau supérieur : 11,80 m ; 
niveau médian : 11,50 m ; niveau inférieur : 11,30 m.  La masse de 
l’ensemble de ces dalles est comprise entre 350 et 400 tonnes.
La
 dalle centrale supérieure du BR3 s’est anormalement affaissée de 30 cm 
en son centre, ce qui signifie qu'elle a subi un choc extrêmement 
important, plus important en tout cas que ce qui était attendu à sa 
conception (4). Il existe deux manières d'expliquer cette fracture au 
centre de la dalle : soit elle a reçu un objet extrêmement lourd ou avec
 une vitesse rapide, soit elle s'est soulevée et est retombée sur 
elle-même, se fracturant sous son propre poids. Il est possible que ce 
soit le pont roulant qui ait détérioré cette dalle en tombant dessus.
Tepco
 fournit une coupe des 3 couches ; il est impossible de connaître l'état
 des deux couches inférieures que l'opérateur représente intactes en 
pointillés.
(4)
 Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le terme « antimissile » 
ne se rapporte pas à une protection antiaérienne. Ce terme, utilisé en 
France, fait référence à la possibilité de la remontée subite des tiges 
de commande des barres de contrôle (qui sont dans la partie supérieure 
de la cuve dans les réacteurs français). En janvier 1961, un accident au réacteur américain SL-1 en Idaho
 a conduit un ouvrier à être transpercé par une barre de contrôle. La 
menace des « missiles » est donc interne au réacteur. Ces dalles sont 
appelées en anglais « concrete shield plug ».
2.7.7.2. Les déformations du niveau technique
Le
 sol de la surface technique a disparu en plusieurs endroits, ce qui 
conduit à penser qu'une explosion s'est produite au niveau 4F, voire 
plus bas. La zone la plus détruite est le côté nord-ouest. Une partie du
 sol du niveau 5F, en forme de carré, a également été soufflée à l'est 
de la piscine d'équipement. Il ne reste en place que le ferraillage.
Au
 niveau du joint entre le sol et la paroi séparant la piscine 
d'équipement et le puits de cuve (angle sud-ouest de la piscine 
d'équipement), on constate une déformation de la structure : il existe 
un espace d'environ 12 cm alors que pour le joint similaire symétrique 
dans l'angle sud-est de la piscine d'équipement, l'espace visible est de
 l'ordre de 1,5 cm. Cette différence est importante dans une 
installation nucléaire où l'étanchéité absolue est la règle. De fait, 
l'élément supérieur de la paroi est visiblement sorti de sa cavité 
d'accroche et a été poussé vers la piscine d’équipement. Cette 
déformation signe la perte de confinement du réacteur nucléaire. Depuis 
les explosions, on signale régulièrement de la vapeur s’échappant par 
cette ouverture.
Fig. 72 : L'élément supérieur de la paroi, séparant la piscine d’équipement et le puits de cuve, est sorti de sa cavité.
Une
 autre conséquence des explosions est apparente dans la photo de la 
surface technique de 2014. Celle-ci montre en plan le canal situé entre 
le puits de cuve et la piscine de combustible. Ce canal est fermé par un
 élément emboîté et par deux vannes parallèles formant une porte. Or la 
deuxième vanne s'est décrochée de son support côté puits. Si les deux 
vannes avaient été détériorées, l'eau de la piscine se serait déversée 
dans le puits de cuve.
2.7.7.3. Le pont roulant
Le
 pont roulant est une structure rectangulaire métallique qui fait la 
largeur du bâtiment. Il repose sur deux rails situés sur les côtés est 
et ouest, à 8 m au-dessus de la surface technique (niveau CRF). Il 
supporte un chariot à palan qui permet de manœuvrer les éléments lourds 
du réacteur et les conteneurs à combustible.
Lors
 des explosions du BR3, la façade ouest s'étant volatilisée, le pont 
roulant de plusieurs dizaines de tonnes est tombé quasiment à la 
verticale de là où il était, et s'est retrouvé sur la surface technique 
au-dessus du puits de cuve. En tombant sur le puits, il a peut-être 
endommagé la dalle antimissile.
Selon
 la photo (Fig. 67), il ne repose pas exactement à l'horizontal car sous
 le pont se trouvent des cabines techniques pour le grutier et la 
mécanique. De ce fait, la partie sud est légèrement surélevée, mais 
Tepco n'a pas fourni de photo de ce côté montrant les cabines écrasées.
On
 observe également deux trous béants dans le pont roulant. Nous estimons
 le diamètre du trou situé au nord à 3,50 m. On voit distinctement que 
la tôle a été repliée vers l'extérieur. Il est possible que ces trous 
aient été provoqués par la projection d'objets qui étaient en dessous du
 pont roulant avant que celui-ci ne tombe au sol, ce qui supposerait que
 le souffle de l'explosion provenait du bas. Une autre hypothèse est que
 ces trous sont la conséquence de fuites gazeuses radioactives provenant
 des joints des dalles antimissiles.
Un
 objet blanc est visible également sous la partie sud du pont roulant. 
Il se trouve quasiment au milieu de la dalle antimissile centrale. Il 
est probable que l’affaissement de cette dalle ait été provoqué par la 
présence de cet objet où s’est concentrée la masse du pont roulant lors 
de sa chute.
2.7.8. La porte de l’enceinte de confinement (« equipment hatch »)
Il
 existe un passage à la base de l’enceinte de confinement bouché par une
 grosse porte blindée dénommée en anglais « shield plug ». En France, on
 l’appelle aussi « tampon d’accès matériel ». C’est une porte de visite 
qui permet d’apporter des équipements et de contrôler le matériel situé 
sous la cuve durant les périodes de maintenance. Or, il se trouve que 
cette porte-bouchon de plusieurs tonnes fermant ce passage s’est 
déplacée : l’inspection de cet équipement en avril 2012 a montré que la 
porte était ouverte (vidéo). 
Certes, la porte se déplace habituellement sur des rails sans 
difficulté, mais il est totalement anormal de la trouver ouverte alors 
que sa fermeture assure l’étanchéité de l’enceinte de confinement quand 
le réacteur est en marche. Il y a donc eu un évènement qui a provoqué 
son ouverture. Soit une secousse particulièrement violente du séisme, 
soit une pression ou un choc extrêmement puissant provenant de 
l’intérieur de l’enceinte. A priori, nous rejetons la première hypothèse
 car les centrales nucléaires japonaises sont justement prévues pour 
résister aux tremblements de terre.
2.8. La radioactivité mesurée au BR3
Tepco
 a fourni plusieurs relevés de radioactivité. La première information 
d’importance est que l’explosion du BR3 a provoqué une pollution énorme.
 Tepco a annoncé avoir mesuré le 14 mars 2011 au niveau de l’enceinte de
 confinement un débit de dose de 167 Sv/h.
Plus
 tard, en novembre 2011, il a diffusé les mesures effectuées devant la 
porte de l’enceinte de confinement. La plus élevée a donné 870 mSv/h. 
Une autre mesure est également évoquée au niveau d’une fuite d’eau : 
1300 mSv/h.
Enfin,
 le 24 juillet 2013, Tepco a relevé des valeurs très élevées au niveau 
de la dalle antimissile recouvrant le puits de cuve, à la verticale du 
réacteur : de 137 à 2170 mSv/h, ce qui prouve que l’enceinte ne joue 
plus son rôle de confinement.
2.9. La poussière noire
Suite aux évènements de mars 2011, il a été remarqué de nombreuses fois
 que de la poussière noire se déposait en divers endroits dans les 20 km
 autour de la centrale. Ce dépôt est particulièrement visible sur 
l’asphalte des routes et a la particularité d’être très radioactif. 
Plusieurs analyses ont été faites déterminant que cette poussière est un
 agglomérat de particules radioactives qui proviennent du combustible 
nucléaire de Fukushima Daiichi. Les éléments Césium 134, Césium 137, 
Radium 226 et divers produits de fission ont été repérés,
 ce qui fait de cette poussière un élément de preuve que les explosions 
du réacteur n°3 ont répandu du combustible nucléaire dans l’atmosphère 
sous forme de fines particules. En se déplaçant avec l’eau ou le vent, 
celles-ci finissent par s’agglomérer car leurs rayonnements alpha et 
bêta sont électriquement chargés.
2.10. Le son des explosions
Des vidéos de l’explosion du réacteur 3 sont apparues sur Youtube avec une bande son rapportant trois détonations
 en l’espace de quelques secondes. L’analyse de cet enregistrement 
montre que ce que l’on entend ne peut pas être la bande originale. En 
effet, le premier son de détonation arrive 2 secondes seulement après la
 vision de la première explosion. Cela signifierait que la caméra était à
 seulement environ 700 mètres de la centrale, ce qui n’est pas possible 
vu l’angle de vue. La vidéo originale, sans zoom, montre un paysage 
qu’il n’est possible de voir qu’en altitude et à plusieurs kilomètres de
 là. Nous avons estimé dans un article passé
 qu’une caméra d’observation se situait à 17 km à vol d’oiseau sur une 
montagne au sud-ouest de la centrale. Pour cette caméra par exemple, si 
un enregistrement de l’explosion avait eu lieu, l’onde sonore n’aurait 
dû arriver au micro que 50 secondes plus tard.
Autre
 incohérence allant dans le même sens : si l’on synchronise le son de la
 première détonation à la vision du premier flash, les deux autres 
détonations ne correspondent à aucun évènement visible dans cette vidéo.
Nous considérons donc qu’il ne faut pas tenir compte de cet enregistrement qui est très certainement un faux.
Merci infiniment,
Serviteur, 
Merci pour toutes ces informations.
RépondreSupprimerC'est impressionnant.